Schools of Athens de CY TWOMBLY

Cy Twombly, né Edwin Parker Twombly Jr. le 25 avril 1928 à Lexington (Virginie) – mort le 5 juillet 2011 à Rome, est un peintre, dessinateur, sculpteur et photographe américain.
 
Cy Twombly appartient à la génération de Robert Rauschenberg, Jasper Johns ou encore Brice Marden, renouvelant l’art américain après la génération des Expressionnistes abstraits que furent Jackson Pollock, Mark Rothko ou Barnett Newman.
 
Son œuvre croise certains des enjeux majeurs de l’art au xxe siècle tels le dilemme abstraction/figuration, l’influence de la psychanalyse, le primitivisme, le rôle de l’écriture et du signe en peinture, l’hommage aux anciens (mythologie, poésie, peinture ancienne), les liens artistiques entre Europe et Amérique.
 
Edwin Parker Twombly Jr, dit Cy, est né le 25 avril 1928 à Lexington en Virginie.
Son père, Edwin Parker Twombly, dit Cy (1894-1974), est joueur de baseball dans l’équipe des Chicago White Sox. Il reprend alors le surnom du célèbre lanceur Denton True Young (1867-1955), dit Cy Young (Cy pour « Cyclone »). Le peintre Cy Twombly reprendra donc non seulement les prénoms et nom de son père mais aussi son surnom. Cy Twombly.
 
Très jeune, Cy Twombly s’intéresse au dessin et à la peinture. Entre 1942 et 1946, il suit dans sa ville natale les cours du peintre Pierre Daura, un artiste espagnol (ancien élève du père de Picasso), longtemps réfugié en France et venu aux États-Unis après avoir épousé une Virginienne en 1938.
 
En 1946, Twombly entre à la Darlington School de Rome en Géorgie. Il passe l’été 1947 avec une colonie d’artistes à Ogunquit et à Groveland. Puis il suit, de 1947 à 1949, les cours de la Boston Museum School. Revenant étudier dans sa ville natale à la Washington and Lee University (Lexington), il est encouragé à intégrer l’Art Students League of New York (1950-1951). C’est là qu’il fait la rencontre des peintres Knox Martin et Robert Rauschenberg, dont il deviendra l’amant. Sur les conseils de celui-ci, il séjourne ponctuellement en 1951 et 1952 au Black Mountain College, près d’Asheville en Caroline du Nord, un lieu d’échanges et de rencontres intellectuelles où l’avant-garde new-yorkaise se regroupe. Il y côtoie notamment Franz Kline, Robert Motherwell, Ben Shahn, le poète Charles Olson, le musicien John Cage et le danseur et chorégraphe Merce Cunningham.
 
Sa première exposition se tient en novembre 1951 à la Seven Stairs Gallery de Chicago grâce à Aaron Siskind ; il est exposé à la Kootz Gallery de New York au même moment par l’entremise de Robert Motherwell. Une bourse du musée des beaux-arts de Virginie obtenue en 1952 lui permet alors d’entreprendre avec Robert Rauschenberg un voyage en Europe, en Espagne, en Italie, en France et en Afrique du Nord de septembre 1952 à mai 1953. Au cours de ce voyage, les deux peintres découvrent notamment Rome, Venise, Florence, Assise ainsi que Casablanca, Marrakech et Tanger. Cy Twombly participe à des fouilles archéologiques dans des thermes romains.
De retour aux États-Unis en 1953, Twombly et Rauschenberg exposent à la Stable Gallery d’Eleanord Ward ce qui donne lieu à des critiques négatives. Twombly accomplit, entre l’automne 1953 et le printemps 1954, ses obligations militaires dans les services de cryptographie à Washington D.C. De retour à New York, il partage un temps l’atelier que Robert Rauschenberg loue Fulton Street. Sa vie new-yorkaise est marquée par de nouvelles amitiés, notamment avec Jasper Johns et Jackson Pollock, et par de nouvelles expositions à la Stable Gallery en 1956 et 1957. Il est exposé à partir de 1959 par Leo Castelli, fameux galeriste de New York d’origine italienne. 
 
En 1957, lors d’un deuxième séjour en Italie prévu pour être temporaire, il prend la décision de s’installer de façon fixe à Rome. Il y rencontre la même année Tatiana Franchetti, peintre et descendante d’une famille de mécènes versés dans les questions artistiques. Ils se marient à New York le 20 avril 1959 et ont un enfant, Cyrus Alessandro, né le 18 décembre de la même année. Dès lors, Cy Twombly vit entre l’Europe et les États-Unis disposant successivement ou parfois simultanément de résidences et ateliers à Rome, New York, Lexington, Sperlonga, Bolsena, Bassano in Teverina, Gaète, et rendant régulièrement visite à Robert Rauschenberg à Captiva Island (Floride).
 
La vie du peintre est marquée par de nombreux voyages, notamment en France où il réside à Paris, à l’hôtel La Louisiane, en Allemagne, en Suisse, en Égypte (1962), au Yémen (1983), en Inde (1973). Au cours de l’été 1991, Cy Twomby suit l’itinéraire du poète romantique anglais Lord Byron en Grèce.
 
Twombly est invité en 1964 à la Biennale de Venise. En 1968, le Milwaukee Art Center monte sa première rétrospective aux États-Unis. Cette reconnaissance s’accentue en 1979 lors d’une rétrospective au Whitney Museum of American Art. Il expose par la suite dans le monde entier : Kunsthaus de Zurich en 1987, Musée national d’art moderne de Paris en 1988, MoMA de New York en 1994, ainsi qu’à Houston Texas (où la Menil Collection a ouvert, en 1995, une section spécialement imaginée pour son œuvre dans un bâtiment dessiné par Renzo Piano en étroite collaboration avec le peintre8), à Los Angeles, à Berlin… Le museum Brandhorst de Munich présente aussi un grand nombre de ses œuvres (un niveau complet est consacré au peintre avec, pour point d’orgue, le cycle Lepanto de 2001).
 
En 1996, il reçoit le prix Praemium Imperiale dans la catégorie Peinture et en 2001, le Lion d’or lors de la Biennale d’Art contemporain de Venise.
Cy Twombly meurt le 5 juillet 2011 à Rome.
 
 
 
Schools of Athens
 
 
 
Huile, craie grasse et crayon sur toile – 205 x 209 cm – 1964 –
 
 
Chez les artistes contemporains, le dessin semble souvent occuper une position un peu marginale, voire d’ordre privé, biographique, comme en réaction à la tradition qui en faisait l’instrument privilégié de la formation à l’art de la peinture comme de la préparation d’une composition. Pourtant, sans aller à rebours de leur époque, certains l’ont intégré à leur démarche au point de le rendre indissociable de leur activité de peintre.
 
Cy Twombly, l’un des artistes les plus appréciés de notre époque, est de ceux-là. 
 
Ainsi a-t-il privilégié le dessin dès le début de sa carrière, avec des graffiti et des griffures qui font leur apparition sur des feuilles de grand format, où l’on voit aussi des chiffres et des mots, lorsque ce ne sont pas des citations d’auteurs latins ou de poètes. Processus long et méticuleux, qui aboutira à des oeuvres organisées en vastes cycles, où le cloisonnement entre dessin et peinture sera aboli. 
 
Que nous disent ces mots écrits sur ces toiles fébriles et silencieuses ? 
 
Pour répondre, nous pouvons suivre deux pistes : décrypter le sens d’une phrase, ou prendre ces signes comme un élément graphique, une forme d’arabesque, comme la signature de Cy Twombly, qui elle aussi est une arabesque
 
Si nous décidons de nous en remettre au sens de la phrase inscrite sur la toile, il s’agit de l’importation d’un langage dans un autre langage. Si nous décidons d’y voir un signe parmi les autres signes qui constituent le tableau, c’est alors l’importation d’un vocabulaire dans un autre vocabulaire. Autant dire, la même chose, vue d’un autre côté. 
 
Mais écrire sur un tableau, c’est aussi faire un « geste ». Ce ne sont donc pas deux domaines qui cohabitent ou se superposent, mais trois, qui aboutissent à l’oeuvre si secrète de Twombly. 
 
Ces mots, nous pouvons les comprendre comme l’évocation d’un univers – littéraire – au sein d’une oeuvre esthétique, qui en  métamorphose le message. 
 
Des mots choisis pour leur « qualité poétique », ainsi que le déclare Twombly, c’est-à-dire, de façon transposée à la peinture, ce que Paul Valéry, à propos du poème, appelait « une hésitation prolongée entre le son et le sens ». 
 
Ainsi l’énigme de ces mots, parfois presque gommés, délivre-t-elle peu à peu son sens : dire une même chose par divers moyens. 
 
Mais pas seulement ; car ce qu’écrit Twombly, c’est la matière de ses instruments – peinture acrylique, craie, pastel ou crayon – et le dialogue qu’ils entretiennent, pour exposer et affirmer une démarche qui est presque d’ordre moral. 
 
Comme le notait Roland Barthes, qui aimait s’amuser avec des crayons de couleur en marge de ses travaux d’écriture : « la matière va montrer son essence, nous montrer la certitude de son nom : c’est du crayon . » 
 
Ainsi dans cette « School of Athens », nous ne saurions voir un écho, une réminiscence, une citation de « L’école d ‘Athènes » de Raphaël, au Vatican, mais plutôt une panoplie d’éléments métamorphosés et détournés pour créer une autre oeuvre. 
 
Les mots nous ont dit d’où l’artiste partait, et avec quels moyens. Rien de plus. Les mots considérés comme des instruments, parmi d’autres instruments. 

 

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