Une certaine Afrique

Il a vidé ses cales.
Des ponts, l’ocre et le bleu accueillent (réchauffent) le cœur du voyageur impatient, avide de découvertes, d’espaces.
Les sens en éveil !
Le sac en bandoulière, le vêtement léger. Ray Ban et Panama. Les pataugas foulent en premier cette terre riche de promesses.
Soudain une mélopée, portée par l’Harmattan, l’enveloppe et l’attire irrésistiblement vers une foule bigarrée
Un ouistiti facétieux plonge le nez dans sa saharienne pour chaparder une douceur incongrue. Tous les tisserins, éclairs de soleil, bruissent en gerbe symphonique.
Des volutes ocre* accompagnent les guirlandes ondulantes des femmes au port de reines, chargées de panier en équilibre dansant.
Et résonnent au loin les djembés. Leur cadence guide notre aventurier vers le griot assis au pied de l’arbre à palabres. Sur la justice soudain, se dessine un visage humain.
De cette assemblée, la sentence du sage l’interpelle. Le poids de son sac, tout d’un coup, lui révèle l’ivresse du superflu. Il choisit de partager cet instant un regard aussi juvénile que subtil.
• D’où viens-tu ? Qui es-tu ? Tu as des enfants ? Combien ? Et des femmes ? Que fais-tu ? Pourquoi tu es là ?…. (V.O)
• Comme toutes ces questions m’interpellent et font échos au plus profond de moi ! pense l’étranger
En effet dans cette complicité qui s’installe, la réponse silencieuse par un sourire suffit. Elle traduit l’envie d’aller plus loin dans sa quête. Mais l’enfant l’avait pressenti et induit :
• Va ! Mon pays s’arrête au bout là-bas. Tu vois le fleuve du côté où le soleil se couche ? L’eau n’a pas de limite. Continue ta route.
Dès ses premiers pas, une certitude s’impose à lui. Son chemin n’est plus une route mais une démarche.
– Qu’importe le sol.
                               Je vis,
                                          j’aime,
                                                       je suis libre.
                                                                           J’avance.

(*au cas où un certain ou certaines auraient l’outrecuidance de contester cet accord, l ‘académie a imposé Ocre comme invariable.)

L’atelier des mots

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